Non Choix

Publié le par Xavier BERNARD

Refuser la règle du jeu

L’écrivain britannique Chaucer raconte dans les contes de Cantorbéry (XIV siècles) l’histoire suivante (conte de la femme de Bath)

Un jeune Chevalier a commis un viol. Le Roi le condamne à mort. La Reine intervient en sa faveur en proposant au Chevalier de lui donner une année pour répondre à une question. S'il ne trouve pas la réponse, il sera pendu. Le Che­valier accepte la proposition de la Reine. La question est: « Qu'est-ce que les femmes désirent le plus au monde?» Pendant une année, le Chevalier cherche en vain la réponse. Le dernier jour, triste et presque résigné, il se dirige enfin vers le château pour subir sa peine quand une vieille sorcière lui propose de lui donner la réponse. À la condition qu'il l'épouse. Le Che­valier accepte la proposition de la vieille sor­cière. La réponse est: « Ce que les femmes désirent le plus au monde est d'être aimées et obéies en tout. » Cette réponse satisfait pleinement la Reine et le Chevalier est gracié. Il épouse donc la vieille sorcière. Au moment de consommer cette union, il ne peut cacher sa répulsion. La vieille sorcière, voyant son embarras, lui fait alors la proposition suivante: ou elle devient la plus belle des femmes, mais dans ce cas elle sera infidèle et ne l'aimera pas, ou bien elle sera la plus aimante et la plus fidèle des épouses, mais restera alors vieille et laide.

 

Le Chevalier refuse de choisir. Il ne refuse pas la proposition elle-même mais le choix qu'elle constitue, sortant ainsi du cadre de ce qu'on lui propose. Alors la vieille sorcière se transforme aussitôt en la plus belle, la plus aimante et la plus fidèle des épouses.

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